Wednesday, April 9, 2014

La culture de la pauvreté

Il y a un petit film bien fait par les participants de la Maison du Père avec Execo dans le cadre de leur programme IdAction (L'Itinérance, c'est d'la job!) et ça représente bien la vie des personnes en situation d'itinérance. Quand on passe d'un repas à l'autre, d'un organisme à l'autre, qu'on pense à l'endroit auquel on va dormir le soir, qu'on reste dans les besoins de base à combler, il est très difficile de réussir à sortir de ce cercle vicieux. Sans compter tous les rendez-vous à l'aide sociale, les rendez-vous pour la santé, les heures de travaux compensatoires à faire pour régulariser son dossier (quand on a des tickets impayés, ce qui arrive très souvent quand on est dans la rue!), les papiers à régulariser (donc déplacements et frais pour ces documents gouvernementaux, que ce soit carte d'assurance-maladie, certificat de naissance, etc). Et ça, c'est sans compter les nombreux documents à remplir: pour l'aide sociale, pour les frais de santé (lunettes, etc), et plus encore. Avec tout cela, pas facile de trouver du temps pour faire la recherche de logement et encore moins d'emploi...Et encore moins pour aller chercher ce qui nous manque (cours à suivre, etc). On doit évidemment faire toutes ces démarches quand les services sont ouverts, donc de jour, en semaine...oui, les mêmes heures que celles de travail, souvent. On peut donc dire alors qu'il y a une culture de la pauvreté. C'est un peu ainsi que se créée l'itinérance chronique finalement.

Certes, c'est possible d'en sortir, mais par quel bout commencer? Une chambre dans un refuge près des organismes d'aide pour commencer, pas trop belle (pour être polie), qui ne demande pas de références...et qui donne envie de retourner à la rue, bien souvent, parce qu'on est encore dans ce monde de l'itinérance et de la grande pauvreté. On arrive tout juste à payer notre logement avec notre maigre chèque d'aide sociale. On va dans les organismes pour avoir du dépannage alimentaire, encore dans les heures de jour. Ensuite on peut bouger vers un peu mieux. On se trouve un emploi, ou on commence un programme de réinsertion sociale en employabilité. Graduellement, on retrouve notre dignité, qui on était avant, avant que la maladie frappe, la dépression, ou encore la consommation. Et on se bat jour après jour pour rester la tête hors de l'eau.

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